samedi 26 septembre 2009

Sea, sun, spicy food, sex et saoulage

Dès mon arrivée à Ao Nang, j’avais la maudite crisse de toune plate dans tête. Je pense qu’elle est de Michel Rivard. « Je voudrais vouâââr la meeeeeeeeeeeer… » Je sais pas trop pourquoi, parce qu’elle était drette en face de moi et ce, dès que la petite vanne nous dépose. Nous, inclut genre trois couples et moi. Quasiment tous les jeunes touristes voyagent en couple ici faut croire.
Ao Nang est une des plages les plus populaires de la province de Krabi, dans le sud. Drette sur le bord de la mer Andaman, ses falaises et ses îles rocheuses à couper le souffle. Ce fut un des endroits durement touché par le tsunami (de 2004? Est-ce bien ça), et partout on voit des pancartes d’avertissement et de routes d’évacuation. Je suis perplexe; la mer Andaman est à l’ouest de la Thaïlande, et moi je pensais que le tsunami venait de l’est. Après toute, tsunami est un mot japonais non? Je me pose trop de questions pour un gars en vacances.

Après avoir sécurisé une jolie chambre et mangé mon déjeuner, je vais mariner dans l’eau salée et les vagues, à 20 mètres de ma porte. C’est quelque chose que je vais faire beaucoup durant les jours suivants. Ça et dormir. Et me trouver de la « compagnie », je pense que c’est une excellente place pour ça. J’adore déjà Ao Nang.

Quand je suis revenu à Bangkok, et après avoir dîné avec un de mes chums, Markus, venu me chercher à l’aéroport, j’étais encore en dilemme. Nous étions le 3 septembre, une journée avant la pleine lune. Ça veut dire fuckall, à moins d’être un loup-garou, un crétin qui croit en l’astrologie, ou alors en vacances en Thaïlande. Tout le monde connaît le célèbre Full Moon Party de Koh Phangan, et tous ceux qui sont allé assurent unanimement que c’est le plus gigantesque shit-show de débauche auxquels ils ont jamais participé. J’ai entendu des nombres du genre 20 000 personnes sur une plage, avec tous les ingrédients pour faire un sale party. Bon timing? C’est évidemment de quoi auxquel je me suis fixé objectif de prendre part éventuellement; mais pour l’instant, mon voyage jusqu’en Corée and back m’a laissé en déficit de sommeil intense. J’ai plus le goût de relaxer. De plus, je suis seul. C’est plus de quoi que j’aimerais expérimenter avec une gang.

Il s’adonne que justement, Ao Nang est bien relax, et y a pas mal moins de monde que je pensais. Serait-ce dû au Full Moon Party autour duquel la plupart des jeunes touristes centrent leur périple? La fin de l’été? Peut-être bin. Certainement pas au manque de beauté du paysage en tout cas. La route longeant la plage s’arrête abruptement à un gigantesque mur rocheux surplombé de palmiers avant de courber et rejoindre la ville « McDo Starbucks et compagnie » de bien peu d’intérêt. Le bleu de la mer se perd dans l’horizon, avec quelques îles aux falaises à pic. Le soir, à marée basse, je déambule sur la plage avant de tomber sur un match de soccer. Quoi, si je veux vous joindre, me demande non-verbalement un jeune gaillard musclé dont la blancheur du sourire est accentué par la couleur brun sofa de cuir de sa peau? Bin certain.

Mes comparses sont pas des Thaïs, mais des Dai, une autre ethnie locale. Ce sont eux les indigènes de la place, et la plupart sont musulmans. Je suis jamais allé au Moyen-Orient ou en Afrique, mais pourtant j’ai rencontré des communautés musulmanes à deux coins complètement opposés de l’Asie : dans le nord-ouest de la Chine, et ici, dans le sud de la Thaïlande. En Malaisie aussi, bin sûr. C’est dire à quel point l’islam est omniprésent.

Il y a une mosquée assez impressionnante un peu en dehors de la ville, que j’aperçois alors que je me promène en moto. Bien vite, je suis dans l’arrière-pays, à serpenter dans la jungle et les cabanes en bambou. On entend souvent dans les guides de voyage l’expression « hors des sentiers battus », bin des fois faut le prendre au sens propre. Je suis une route qui, en raison de la saison des pluies, devient vite un gigantesque champ boueux. C’est bien amusant de faire des broadsides avec mon scooter loué, mais je doute qu’il soit fait pour ça, ni pour traverser des ruisseaux à gué. Je vais le rentabiliser mon 200 baht. J’arrête manger à un petit shack, et je découvre un autre item de ma liste de ultimate food : un riz au poulet et chilis, cuit dans une moitié d’ananas. Wow.

Le relativement petit nombre de touristes n’a pas que des avantages, cependant; le moyen de transport officiel de ce coin de pays est le long-tail boat (bateau à… hmmm oubliez la traduction), dû au fait que les îles et plusieurs péninsules même sont inatteignables par voie terrestre. Il s’adonne que ces bateaux quittent pas avant d’être pleins, et que des fois ça prend du temps avant que sept autres passagers se pointent. Je veux aller à Railey, et ça adonne que je vais devoir attendre une journée de plus vu qu’il se fait tard et qu’il pleut. Il pleut à chaque jour, mais heureusement juste pour une courte durée de temps. Ce qui veut dire, arrange-toi pour être à l’abri, parce que c’est un lac qui tombe du ciel!

Mais bon, le lendemain je me pointe plus tôt et cette fois ça prend juste quelques dizaines de minutes avant que le bateau ne parte. La courte naviguée nous amène jusqu’à Railey Beach, superbe péninsule rocheuse. Wow. On passe les parois d’escalades et les shacks en bambou de Tonsai Beach, puis on arrive à Railey West dans un paysage idyllique.
Baon… on descend de notre balloune vite en sacrament. Entre la plage et le point de débarcadère du bateau, il y a un resort de vacances pour riches grassouillets, surélevé par un petit muret. Vu que la marée est très haute en ce milieu d’après-midi, les vagues tapent violemment le dit muret, ce qui rend impossible de marcher sur la plage sans se faire soaker jusqu’à la ceinture et même plus. Pas de problème, quand on peut marcher sur le petit muret, non? Bin c’est pas de l’avis du maigrichon gardien mange-marde en uniforme. Résultat : un passeport aux pages collées ensemble, et toute l’écriture de mon petit notepad transformé en grosse tache bleu pâle. Railey West abrite la vraie belle plage, mais sinon juste des bungalows haut de gamme et très très hauts de prix. Le hangout pour voyageurs pauvres tels que moi-même est de l’autre bord de la péninsule, à Railey East. Dû à la marée haute encore une fois, il faut longer les bâtiments et patauger dans un mélange fucking dégueulasse de bois pourri et de déchets apporté par les vagues. Ça commence mal.
… mais ça se continue bien. Je me dépêche à trouver une chambre, me changer et ensuite retraverser pour aller me pitcher dans les vagues. L’eau est claire, agitée, chaude, mais presque personne se baigne. J’la pogne pas, mais c’est pas comme si je m’en sacrais pas non plus. Je passe le plus clair de ma journée à nager, explorer les environs, et jaser avec d’autres voyageurs. Il y a un véritable Chinois, que j’avais rencontré sur le boat, et une Américaine qui travaille à Beijing. Ils voyagent ensemble, mais je sais pas si ils sont un couple, si oui c’en est un bizarre. Je jase en chinois avec eux en sirotant un drink sur le bord de la plage, et hey, chus encore bon en mautadit. Je suis capable de jaser en thaï aussi, mais mon chinois est à des années-lumières devant. Faut dire j’avais plus de pratique en Chine, et des cours gratuits. J’avais pensé à prendre des cours à Chiang Mai, mais c’est quand même cher. Faudrait bien je me trouve une « tutrice » qui pourrait m’enseigner sa langue, et l’aventurer aussi.

Le soir venu, je me tape un festin avec un steak de barracuda, une grosse brochette de viande, une patate au four et un blé d’inde au complet. Ce fut un autre cas ou j’ai été agréablement déçu, ou peu importe comment on dit ça : en voyant les prix, je me suis dit « Wow, c’est bin pas cher, les portions doivent être minuscules » et donc commandé deux assiettes, qui s’avèrent être bien généreuses. Chus plein.

Je prends une marche de digestion, question aussi de trouver de quoi à faire et des gens avec qui niaiser, préférablement pas des couples. Plus tôt durant la journée, un Américain m’avait demandé si je connais Monsieur Chi, le tatoueur de la place. « Hey, this guy’s got tattoos, he should know! » Désolé man, ton raisonnement est quelque peu sensé, mais j’ignore ou est le shack de ce Monsieur Chi, que lui répondis-je, penaud. Bin là vlà-tu pas que je passe devant une petite cabane d’ou émane de la musique reggae et un parfum âcre qui m’est pas inconnu ni désagréable, et qu’à l’intérieur se trouve, assis sur une chaise longue, ce même hurluberlu! Monsieur Chi, un solide gaillard à la peau brune tatouée presque à grandeur, est à ses côtés en train de performer son art. Il utilise pas de machin électrique, juste un petit bâton de bambou qu’il trempe dans l’encre. Ouch. Supposément que ça fait plus mal, mais que la peau enfle moins. Matt, c’est son nom, est un bien agréable individu avec qui je passe quelque temps à discuter, boire des bières Chang bien froides et fumer quelques cigarettes qui font rire, gracieuseté de Monsieur Chi.
D’ailleurs, les gens du type de ce Monsieur Chi rendent perplexe et font se poser plein de questions à Félixxx le voyageur sociologue de fin de semaine. Il s’adonne que la péninsule de Railey en est pleine, de ces étranges individus culturellement hybrides. Ils sont brun foncé et asiatiques, mais arborent les longs dreads ou chapeaux mous jamaïcains en laine. Malgré le fait qu’ils sont 0% antillais, ils semblent vouloir montrer leur appartenance à cette culture, ne fut-ce qu’avec les couleurs jaune, vert, noir ou la musique reggae omniprésente. Drôle de sous-culture…

Sinon, bin je me fais d’autres chumettes assez rapidement. Il y a Myriam, une Allemande, et quatre Israéliennes avec des drôles de noms : Nafeer, Oritz, Rotem et Yara. Et il y a de quoi que je pogne vraiment pas : trois d’entre elles ont les cheveux bruns foncés légèrement frisés, la peau olive, et des caractéristiques faciales plutôt proche-orientales, alors que l’autre a la peau blanche feuille de papier et des cheveux blonds. C’est sûrement moi qui est un peu ignorant à ce sujet, heille après toute j’ai jamais vu une seule Israélienne avant. Mais à part de tsa, elles sont de bonne compagnie et pas mal drôles même. On est là, comme les seuls six clients d’un bar de la plage, à faire des demandes spéciales au monsieur qui joue de la guitare.
J'ai l'air un peu saoul sur la photo, c'est parce que je le suis.

samedi 12 septembre 2009

Félix va a 부산



Préface, ou réponse à cette question que je me suis faite poser par tant de gens avant mon départ : qu’est-ce tu vas faire en Corée? Qu’est-ce que j’irais PAS y faire? Hin, fourré hein?!

À ma septième semaine sans quitter Chiang Mai ne fut-ce qu’une seule fois, bin Félixxx da traveller a pogné les bleus faut croire… Éternel insatisfait? Je vais méditer là-dessus. J’étais malade et je pouvais pas vraiment aller au gym, ce qui faisait que mes journées étaient longues. Rien de grave, rassurez-vous… une combinaison d’un rhume mal guéri, chaleur tropicale, surmenage physique et probablement sous-alimentation aussi. J’étais épuisé, j’allais pas bin, et moi, le Québécois endurci au frette, je me traînais tout pâle d’une place à l’autre en portant une veste de polar et grelottant pendant que tout le monde suait à l’ombre. Hmmm… Après quelques jours de repos et d’énormes repas, j’ai repris du pouel de la bête assez rapidement, mais les journées longues et ennuyantes m’ont amenées à poireauter sur internet, jusqu’à ce que je tombe par hasard sur une offre spéciale de Thai Airways pour un vol aller-retour Bangkok-Busan. Mes doigts ont pianoté un peu sur la souris avant que je clique plus loin, mais quelques minutes plus tard, paf, c’était fait.

Lundi dernier en matinée donc, j’atterris à Busan, deuxième plus grosse ville du pays, située sur la côte au sud-est. J’ai juste 3 jours; il va donc falloir que je fasse du power-tourisme. Je décide d’émerger du métro à une station qui a l’air relativement centrale, et paf, je suis assailli par le paysage urbain coréen, propre et moderne. J’ai pas déjeuné encore, alors je vais dans un dépanneur, et dans le comptoir déli, je découvre quelque chose qui depuis fait partie de ma liste de ultimate food (avec le pad thai, le reganmian et les œufs à la coque avec du Tabasco) : le gimbap que ça s’appelle. Un rouleau emballé de genre 6 pouces de long qui est composé de riz froid roulé dans une feuille d’algue et avec une garniture à l’intérieur. Imaginez-vous un rouleau de sushi sans le poisson pour vous donner une idée. J’en ai acheté un par curiosité, et cinq minutes après le petit monsieur me voit revenir avec deux autres. C’est simple, délicieux, coûte moins que rien et ça remplit. Je sais pas combien de gimbap j’ai mangé en trois jours mais je dirais 12 ou 15.

Je me promène en ville plus ou moins sans but lucratif, comme le dirait Longpré. J’ai une liste de choses à voir, mais j’ai toute la journée et il est encore tôt. Un moment donné, je cherche des toilettes et on m’indique une arcade. Après avoir fait ma job, je me dis pourquouè pas, et je m’assis à une des machines question de dépenser quelques pièces de 100 won (10 cennes). J’aime bien les arcades, et le fait qu’en Asie elles sont encore bien vivantes, contrairement à l’Amérique du Nord ou elles sont supplantées par les consoles à la maison. Je joue à un espèce de jeu de combat ou les personnages sont plutôt dignes de mention. Le jeu choisit aléatoirement mon personnage, et ainsi je me ramasse avec une succession d’un ours polaire, un tronc d’arbre avec un chapeau, et une Japonaise qui porte un suit de panda et qui fait des cris de jouissance quand elle gagne un round. Assez dérangeant. Je reach le point d’orgue quand le jeu me donne un kangourou avec des gants de boxe, une kangourou devrais-je dire, car de sa pochette ventrale sort un bébé kangourou, lui aussi avec des gants de boxe.

Je décide de cesser de corrompre mon âme et d’arrêter là. Je passe le reste de la journée à me promener d’une place à l’autre, la ville de Busan a très peu d’attractions touristiques mais je m’en sacre pas mal, je marche et je m’imprègne de l’environnement social de ce nouveau pays, 25e de ma liste. Beaucoup de comparaisons peuvent être faites avec les villes chinoises du nord, à une plus petite échelle évidemment, mais beaucoup de différences aussi. La Corée du sud est un des pays les plus développés au monde, alors tout est désinfecté, impeccable, d’une propreté implacable, surtout leur système de métro. Efficace, celui-ci d’ailleurs, et je l’emprunte plusieurs fois pour traverser le centre-ville. Je visite le marché de poissons, avec son immense éventail de poisson et autres créatures marines étranges frits, crus ou alors vivants, le tout baigné d’une atmosphère fébrile et d’une drôle d’odeur. L’autobus qui donne des tours guidés est hors service le lundi, hmmm je vais donc continuer à marcher. Durant toute la journée, je vois très très peu de Blancs, et donc très peu de non-Coréens. La Corée du sud détient le record de la population la plus homogène au monde, et quant au tourisme, il est relativement minime, comme je le constate. Outre une très minuscule minorité de Nigériens (coudon y sont partout les Nigériens) Filipinos et autres Asiates, qui sont surtout à Séoul, les seuls autres étrangers en Corée sont des profs d’anglais à contrat court terme, et j’imagine qu’ils sont tous au travail alors que je déambule les rues.

Rendu 14h, mine de rien ça fait près de 5 heures que je marche sans arrêt avec mon sac à dos, et j’ai le goût de relaxer un peu. Un des incontournables de la société coréenne est la maison de bains, et la plus grosse du pays est ici-même à Busan. Pour genre 8000 won tu peux y entrer et y rester pour 24 heures, même y dormir si ça te tente. Avis aux voyageurs budget qui ont pas la chienne de roupiller sur un petit matelas sur un plancher de bois! Tu reçois une serviette et un bracelet avec une petite clé électronique pour ton casier, et ensuite tu peux te promener de bain en bain. Il y a la grosse piscine d’eau chaude, mais aussi des saunas, des chutes d’eau, des bains d’eau glacée et un rempli de thé. Je me demande à quelle fréquence ils changent leur thé… J’y reste un bon petit deux heures, et ratatiné à souhait, je prends le métro direction Haeundae Beach, ou ma généreuse hôtesse de Couchsurfing, Ann, m’attend, ayant terminé sa journée de travail. Wow c’est beaucoup de virgules ça. Ann vient de Toronto, mais est d’origine Tamil (Sri Lanka). On socialise et jase, et elle me parle des joies de voyager en Asie en étant une minorité visible (c-à-d pas Blanche). Les locaux pensent qu’elle est des leurs et réagissent drôlement quand ils constatent que c’est pas vraiment le cas, et les autres voyageurs ont peur d’engager la conversation. Hmmm j’avais jamais pensé à ça, c’est vrai que la presque totalité des jeunes voyageurs qui viennent de pays occidentaux sont de la majorité visible. Il y a une étude à faire là-dessus chus certain.

Ann me laisse faire une sieste sur son sofa pendant qu’elle a son cours de coréen, puis m’indique un endroit ou la rejoindre pour aller souper. On va dans un resto de BBQ coréen, une façon bien sympathique d’ingurgiter de la viande et autres cossins, puis on boit de la bière sur la plage en s’échangeant des histoires comiques. La soirée fut bien tranquille overall, puisqu’elle travaillait tôt le lendemain et que moi j’avais également le goût de me lever tôt et d’explorer les villes environnantes. À suivre!

mardi 4 août 2009

Spice it up

Baon, après quelques semaines de quasi-silence, voici le temps venu de raconter ma vie encore une fois, tel un vieux mononque dans un party de Nouel. Désolé pour le formattage, le logiciel Thai a tendance a transformer mes guillements en deux lettres, et je suis trop paresseux pour y remédier.
Alors, qu’ai-je fait ce week-end?

Pour les besoins de la chose, je vais compter le week-end comme en étant un complet, tel que celui que vous vivez. Ici, l’entraînement est 6 jours semaine. Mais, puisque je suis pas un hardcore Thai motherfucka (pas encore), ce régime est plutôt difficile à suivre alors j’ai tendance à considérer le samedi comme une journée de presque congé.

Ainsi, vendredi soir, j’avais le goût de manger de quoi de différent de ce qui est servi dans les petits restaurants des environs du camp. Pete et moi nous dirigeons vers le centre-ville à l’aide de sa moto, direction un restaurant de sushi tapis-roulant qu’on avait aperçu une semaine avant et qui a l’air prometteur. Arrivés sur place, hmmm il y a un line-up, de quelques personnes seulement certes, mais assez pour que Pete propose d’aller manger de quoi ailleurs et revenir, vu qu’anyway la bouffe japonaise ça remplit jamais fucking assez. Motion acceptée. On se dirige donc vers un restaurant égyptien dans les parages. Pete, en passant, j’ai oublié de faire les présentations, est un Anglais qui a passé un petit bout de temps à travailler au Yemen et pays avoisinants et donc parle bien l’Arabe. Il était bien surpris de voir des restaurants avec l’étrange écriture sémitique (des barbots tant qu’à moé) et voulait checker ça. Chiang Mai est une ville extrêmement cosmopolite (bon, pas comme Montréal ou New York, mais pas mal plus que Gongyi mettons) et quand vient le temps de manger, c’est pas le choix qui manque. De l’indien? Bien sûr. Du mexicain? Muy bien, por favor. Du japonais?! Tu fermes tes yeux, tournes sur toi-même et compte jusqu’à dix avant de garrocher une balle de tennis et t’es sûr de renverser une assiette de tempura qui traîne. Ça, c’est bin sûr sans compter la bouffe Thai, renommée au travers du monde, présente sous toutes ses formes ici. J’adore manger, alors j’adore cet environnement.

Quant au resto égyptien, il est rendu dans ma liste de places à retourner et reretourner durant mon séjour ici. De plus, faut croire qu’il est authentique puisque le serveur/boss est un vrai Arabe (avec le gros nez et tout), et plusieurs clients aussi, certaines même avec leur suit d’apiculteur. On commande une grosse assiette de riz (cuit au four, non frit) avec des juteux chunks d’agneau, une salade à l’huile d’olive, du hummus avec de la viande dedans, et du pain plat pour rouler le tout et le manger avec la main droite, Arabe-style. La bouffe est plus que sublime, je veux absolument aller dans ce coin du monde pour déguster ce qu’ils ont à offrir.

L’entraînement de muay thai, ça creuse, alors on a encore un peu faim ensuite et on retourne vers le restaurant japonais. Vu de l’extérieur, c’est une gigantesque caféteria avec un petit tapis roulant qui transporte de minuscules assiettes de sushi et autres cossins. J’étais allé à une place similaire en Chine, et les assiettes sont de couleur différentes, chaque couleur correspondant à un prix, je pensais que c’était le même concept. Mais non toé, dès que tu rentres, ils punchent une feuille et tu as 1h15 minutes pour manger tout ce que tu veux. Plus qu’à moitié pleins déjà, on veut quand même maximiser notre investissement et on se tape donc un festin de hotpot japonais et de nombreuses assiettes de sushi beurré de wasabi jusqu’à ce qu’on soit pus capable de se gaver plus.

J’ai rarement été aussi plein de ma vie, et les deux repas ensemble m’ont coûté les 2/3 d’un mois de loyer. Mais ça c’est une question de priorités : si, afin de sauver du cash, j’ai (presque) arrêté de boire, pas loué de moto et que j’ai pris la chambre la plus minuscule et rustique possible, je vais quand même pas manger du riz à chaque esti de repas.

Le lendemain fut sans histoire, j’ai pris l’avant-midi off, lu un livre et relaxé avant l’entraînement d’après-midi. Dû à l’entraînement pas mal rigoureux, la plupart des stagiaires du camp, moi inclus, s’accordent juste une soirée de party par semaine. Les deux samedis précédents, j’étais allé avec le reste de la gang aux bars de falangs du centre-ville, qui sont pas si mal, mais ennuyants un peu, une fois passé l’effet comique de voir un band de reggae chanter du Bob Marley avec l’accent thaï ซ Noooo woman, no cly ป. Cette fois, j’avais le goût d’autre chose, alors j’ai ditché tout le monde et je suis parti seul, à pied, vers le Warm-Up (quel joli nom authentique thai), j’y étais allé il y a trois ans et le peu dont je me souviens de cette soirée nébuleuse me dit que c’était un sympathique endroit. Faudrait bien j’y retourne avec ma caméra, car ouin, c’est un des plus beaux bars ou je suis jamais allé. Il y a une gigantesque section lounge, avec sofas, petits ruisseaux, fontaines, une salle insonorisée avec un band live qui joue, et la grande salle avec dancefloor, aussi entourée de murs sound-proof. La foule est en grande majorité des étudiants et autres jeunes Thaïs trendy, habillés presque tous avec des clubbing outfits métrosexuels à souhait. Les seuls individus en shorts et T-shirts sont les quelques falangs de la place moé inclus. Mais bien que l’endroit soit plutôt ซ classe ป, c’est gratuit d’y entrer, y a pas de line-up, et personne fait chier personne avec le dress code. J’aime ça de même.

Je rencontre randomment d’autres gens de Lanna muay thai, et ils ont, tiens tiens, un set de whisky sur leur table et m’en offrent gracieusement. Je reste avec eux à chiller durant un certain temps avec des passages à essayer de ซ socialiser ป avec des jolies filles qui non seulement parlent juste Thai, mais qui en plus se tiennent en meutes et sont aussi snobasses que les (***censuré***) de bars de Ste-Foy. Comme quoi le monde est pas si différent d’une place à l’autre. De plus, elles ont presque toutes l’air d’avoir 14 ans, esti que je vieillis. Baon, le temps passe, et il est rendu deux heures du mat’, les lumières s’allument et les gens quittent le plancher collant et plein de vitre pétée. Sabine propose d’aller au club Spicy. Elle est sloshée tight, et a de la misère à conduire sa moto, mais en vraie Allemande, veut continuer le party. J’embarque donc avec l’autre dude dont j’ai oublié le nom et qui heureusement semble être pas mal plus sobre.

Spicy est un mot connu de tout le monde qui ont passé quelque temps à Chiang Mai, et pas juste pour décrire la sensation d’un mets plein d’épices. Ce restaurant bin ordinaire durant la journée, de 2 à 6 heures du matin, se transforme en after-hours ou jeunes backpackers saouls, ladyboys, vieux calisses, prostituées, et touristes féminines en jupe hippie qui sont là ซ juste pour danser ป se côtoient allègrement dans une ambiance difficile à caractériser par un autre mot que ซ débauche ป. Un de mes chums danois, lors de mon dernier séjour, avait décrit éloquemment le Spicy comme étant un zoo, dû au peu de comportement humain possible d’y observer. Difficile de trouver une meilleure analogie.

Nombre de mes comparses y sont également, certains en état d’ébriété plutôt avancée. Moi, je suis plutôt sobre, et ça rend l’expérience étrange… Je m’amuse quand même très bien, notamment grâce à une sexy jeune fille nommée Fai à qui un de mes chums a dit de un que j’aime juste les ladyboys et de deux que j’ai un minuscule pén15. Je peux juste dire qu’elle semblait déterminée en mautadit à infirmer ces deux postulats, mais après deux heures de grindage plus qu’intense (on aurait cru qu’elle voulait me sabler les parties génitales avec son ass) elle a juste disparu. Baon, contrairement à un de mes collègues qui a été ซ doublement chanceux ป, je rentre seul, et il est 6 heures du matin, l’heure à laquelle je me lève habituellement, quand je me fais dropper devant ma chambre. À environ 11 heures, mon chum Polonais Stefan cogne à ma porte et me demande si il peut plugger son iPod dans mon ordinateur. À ce point, durant sa journée, il a couru 6 km avec le head trainer, fait une revision complète de sa technique pour son combat qui vient, pris une douche, déjeuné et regardé la moitié d’un film. Autant dire qu’il est à la moitié de sa journée alors que moi, le lazy ass, je suis à la moitié de ma nuit de sommeil. Baon… Les soirées au Spicy sont bin amusantes, mais je crois que je vais les espacer, à moins que je veuille corrompre à jamais mon âme vertueuse et scrapper mes horaires de sommeil.

Je me suis levé pas très tôt et pas mal juste relaxé durant ce jour du Seigneur… J’ai macéré longuement dans la piscine sans chlore et lu un livre en séchant. À un moment donné, un Thai m’aborde et me jase en anglais bizarre. Je finis par comprendre qu’il m’invite à boire de la bière avec ses chums, assis pas loin, j’accepte, pourquoi pas hin? Je prends donc place à leur table, à ces genre 7-8 étudiants de première année en génie, à boire de la bière Chang ซ on the rocks ป. C’est comme ça qu’ils font ça ici, c’est juste trop étrange au début mais ça tombe pas mal sous le sens, et c’est ainsi qu’ils ont un cooler plein de glace à côté de leurs caisses de 12.

Aucun d’entre eux ne parle très bien anglais, ils commencent toutes leurs phrases par ซ YOU! ป et assemblent des phrases à la structure étrange. Mais croyez-le ou non, même si ils sont pas capables de dire ซ How old are you? ป, dans les dix premières minutes de conversation, ils m’ont demandé si j’aime mieux les films ซ èk èk èk ป (XXX) en japonais ou ungrit (anglais…), si je fume du ganja, et si j’ai une copine. Devant la négative, le gars a alors dit ซ Oh you a virgin? ป. Coudon c’est qui leur prof esti?!

Mais sinon, ils sont divertissants en batince, et je me pète quelques fous rires avec eux. L’humour de la chose est pas mal difficile à décrire cependant, vu qu’une grande partie était visuelle (dû au manque de capacité de communication verbale). J’apprends également plein de mots en thai, et puisque je connais l’alphabet, je peux leur demander de les écrire. Pas comme avec les Chinois et leurs maudits caractères illisibles. La langue thai est une des plus bizarres que j’aie jamais vu/entendu, surtout comment ils inversent tout le temps la prononciation du L et R dans leur propre langue, mais elle est intéressante et je suis bien déterminé à faire un effort pour l’apprendre.

Je les quitte après quelques bières, question de pas être trop saoul, tsé faut que je me lève tôt le lendemain. J’ai le sourire dans face, et je suis bien content de cette rencontre impromptue. J’aime interagir avec les locals quand je m’établis quelque part, et il s’adonne que les jeunes Thais, tout comme les jeunes Chinois, ont une bien drôle de notion de ce qui est socialement cool et représentent très bien l’intéressant paradoxe asiatique, balance entre tradition et modernité. On peut apprendre plein de choses vraiment cool que les guides de voyages mentionnent pas, juste en disant oui quand un Thai de 20 ans t’offre un gobelet de bière plein de glace. J’aime bin ça, moé.
Alors sur ce, je vais manger de quoi, mais juste avant je vais signer de mon nom Thai:
เฟลิก (Felik')

jeudi 9 juillet 2009

Félixxx en Chine - the end

Quand vient le temps de parler de mon séjour à Dali, les mots me manquent. Pas à cause d’une trop grande émotion, ou qu’il y ait trop de choses à dire, mais plutôt l’inverse. Après toutes ces dizaines d’heures de transport au travers de la moitié de la Chine, durant lesquelles inconfort était un doux euphémisme, j’avais sérieusement l’intention de relaxer solide.

Et c’est ce que j’ai fait; après avoir rejoint Jonathan (prononcer en angla), un de mes chums de Gongyi qui s’y est installé pour l’été, je me suis pogné une chambre pour 4 nuits dans un sympathique petit guesthouse. Mes deux-trois jours suivants se sont résumés à manger de la pizza et bouffe indienne, boire et relaxer. La vieille ville de Dali est plutôt jolie, située au flanc d’une grosse montagne qui se perdait dans les nuages la majorité du temps (maudite saison des pluies). La place est un gros hit touristique domestique et international, alors dans l’enceinte d’un kilomètre carré environ, on trouve de nombreux petits restaurants, boutiques et bars de tous les styles, du expat bar anglais prétentieux au petit lounge en passant par la tavarne pleine de gros Chinois en bédaine. Il y a évidemment aussi un nombre considérable de blanchâtres, ça faisait changement pas mal.

Un soir, alors que j’étais dans la chambre à Jonathan, j’ai remarqué un petit char en Lego et je me suis rappelé comment mongolement cool c’est. Dans l’état altéré ou on était, on s’est mis à deux pour le transformer de son état de Formule 1 en petit crisse de pick-up chinois à trois roues qui transporte de la junk. On a bien ri, mais le fun faisait juste commencer. Dix minutes plus tard, alors que j’étais à la caisse du supermarché en train de payer pour une grosse boîte de Lego et une bouteille de vin rouge, Jonathan m’a demandé ซ Hey t’avais pas dit qu’avec les mois de voyage sans salaire qui s’en viennent, faut que tu sois sage avec ton argent? ป Pffff. Voir que j’aurais dit quelques chose d’aussi articulé.
Mais là le temps passe; on a un party à aller se saouler la yeule à. On laisse notre camion de pompier et notre camion de construction inachevés pour se diriger chez Moe, un des chums à Jonathan. Moe est d’origine birmane mais vit en Chine depuis neuf ans sur un visa d’étudiant, je sais pas trop comment il fait ça. Il est le gérant/cuisinier du restaurant de l’Université de Dali, en plus d’avoir son petit restaurant au centre-ville, alors quand on arrive à son énorme maison à trois étages située un peu à l’extérieur de la vielle ville, il met la main finale aux plats délicieux qu’il est en train de cuisiner pour le party.

Il y a une vingtaine de convives présents, presque juste des Chinois, mais quelques Indiens aussi. On y reste une couple d’heures à boire quelques Dali (la marque de bière locale) mais la soirée fut bien tranquille.

Le lendemain, j’étais on my own, Jonathan étant ซ en bonne compagnie ป (il score toujours avec les femmes plus âgées). Je me suis trouvé des chums assez rapidement, et sans même avoir à sortir : j’étais dans le bar attaché à mon guesthouse, à écrire avec mon laptop (il pleuvait dewor), quand deux dudes entrent, noddent, et disent ซ Hey, ch’t’aurais pas d’ja vu què’qu’part, toé? ป (en anglais, bon). En effet, une semaine avant, à Kangding (voir l’histoire de la route Tibet-Sichuan), j’avais jasé brièvement avec cet Anglais et cet Espagnol. Ils revenaient de la station d’autobus, ou ils avaient tenté sans succès d’acheter des billets vers une ville à l’ouest, question d’arriver à Dali par le nord, comme mon plan initial le suggérait. La vendeuse de billets leur avait dit qu’il y a pas de bus qui se dirigeaient là, ce qui est de la grosse bullshit vu que je l’ai vu moi-même sur le tableau. Ils s’apprêtaient à renoncer, mais je leur ai dit de retourner et réessayer. Une semaine après à Dali, ils m’ont remercié du conseil en disant qu’effectivement, il y a un bus, mais qui est hors limites aux laowai vu qu’il y a des mouvements d’indépendance tibétains dans ce coin. Ils ont donc pris une tite van. Ils m’ont aussi félicité pour mon intuition de choisir une autre route : la leur était vraiment décrisse et pleine de barrages routiers de construction.

On a bu quelques bières ensemble, mais ils quittaient Dali peu après. J’ai donc continué à boire avec Alban, un solide gaillard avec de longs dreadlocks, et son pote comique Guillaume, les deux étant originaires du nord de la France. Il y avait aussi une Polonaise dont j’ai oublié le nom, et qui parle parfaitement l’anglais, le français et l’espagnol, en plus de gros chunks de plein d’autres langues. Chus jaloux. On a mangé un festin de cuisine traditionnelle Bai (une des minorités locales), discuté de plein d’affaires, et évidemment bu en masse. Rendu à trois heures du matin, on constate que gisement épuisé (mine de rien), ça fait 12 heures qu’on boit, et qu’il est temps d’aller faire dodo.


Le lendemain, à 9 heures, les yeux légèrement dans l’beurre, on se rend tous à une location de vélos, question d’aller explorer les environs malgré la pluie qui tombe toujours. On pédale longuement, au travers de rizières, petites forêts et villages pittoresques. Même si la pluie rendait le tout un peu chiant au début, ce fut une bien belle journée. La province de Yunnan a des vraiment superbes paysages et un éventail de cultures, je comprends pourquoi tant de gens disent que c’est la plus belle du pays.

Le soir même, on est tous partis pour Kunming, la grosse ville du coin, par un autobus de nuit. Je pognais vraiment vraiment pas pourquoi l’aller quatre jours auparavant avait pris quatre heures, alors que là ça en prenait neuf. Mais bon, c’était un autobus avec des lits, le premier que je prenais de toute ma vie, alors on a tous pu dormir comme des anges tout le long.

J’ai pas vraiment rien fait à Kunming… j’ai passé faire un tour aux consulats thai et lao, marché pas mal, mangé et bu du vin dans un parc avec mes nouveaux potes. En fin d’après-midi, cependant, j’avais un rendez-vous que j’anticipais depuis pas mal longtemps : durant ma dernière année d’Université, j’ai fait un projet de recherche dans un laboratoire de chimie inorganique ou travaillait, entre autres, une chercheuse post-doctorale chinoise nommée Lin Hua, de passage à Ottawa pour un an. Hé bien il s’adonne que j’ai gardé son e-mail, alors peu avant mon passage dans sa ville de résidence je lui ai lâché un message et qu’elle m’a invité à souper. Avec son mari et une de ses collègues de l’Université des sciences et technologie de Kunming, une physicienne, on est allé dans un restaurant plutôt haut de gamme manger un festin. Lin Hua était bien surprise de m’entendre jaser en chinois, faut dire que la dernière fois qu’elle m’avait vu, j’en parlais pas un maudit mot. Ça m’était jamais venu à l’esprit.

Après ces relativement courtes, mais sympathiques retrouvailles, il était temps que je prenne la route encore une fois. J’ai passé ma deuxième nuit de suite dans un autobus à lits, direction le sud de la province. Cette région s’appelle le Xishuangbanna et ressemble comme deux gouttes d’eau à la Thaïlande. Palmiers, temples bouddhistes dorés, bouffe, gens brunâtres… ça paraît qu’on est juste à côté. Je prends un autre bus vers la ville de Mengla (la grosse conne de la station d’autobus m’a initialement donné un billet direction Menglun, une chance que j’ai vérifié les caractères avec le dictionnaire Français-Chinois de Francis), et à ma surprise, le bus continue jusqu’au Laos, mais comme un cave, j’ai pas pensé à changer le reste de mes CNY, qui ont notoirement un taux d’échange à l’extérieur de la Chine qui s’apparente à un viol de groupe. Bien qu’un vieux bonhomme pas louche du tout me propose de m’amener à la banque avec son vélo à trois roues sur le champ, je décide d’attendre au lendemain et de profiter encore un peu de mon séjour en terre chinoise.

samedi 27 juin 2009

Yushu


Yushu. 玉树. Sympathique outpost à la frontière des provinces de Qinghai, Sichuan et du Tibet.

Peu à y faire, mais beaucoup à y voir, surtout si on vient directement ou presque de la partie est de la Chine. L’architecture y est complètement différente, ainsi que l’organisation urbaine, l’apparence des gens, leur habillement, leur langage, la bouffe, les paysages environnants. Autant dire qu’on est dans un autre pays. Mais c’est ça que je voulais : voir autre chose que la somme toute uniforme Chine ou j’ai passé 9 mois. Toutes ces dizaines d’heures passées dans des trains et bus pour me rendre ici en ont donc valu la peine.

La ride de bus Xining-Yushu est en fait plutôt digne de mention et comporte un événement qui me marquera toute ma vie : le 25 juin, à 19h49 exactement, l’autobus s’arrête, question de laisser passer un troupeau de yaks en liberté qui bloque la route. DES YAKS!!! Et tout le long du cahoteux trajet, dans les absolument superbes collines vertes à perte de vue, se promenaient des milliers et milliers de yaks, animal majestueux s’il en est un. Animal délicieux aussi, oh que oui!

Un passage de mon journal mental que j’ai hésité de publier afin de pas avoir l’air encore une fois d’un négativiste, mais j’ai un souci d’intégrité, alors voilà : j’ai commencé mon séjour sur le plateau tibétain avec une plutôt mauvaise impression des gens qui y habitent. Après avoir trouvé un hôtel (avec l’aide d’une Tibétaine qui parle angla et de son papa qui a un SUV, faut que je le mentionne), affamé, je vais manger un délicieux bol de yak bouilli dans un petit restaurant tenu par une tite-madame Tibétaine bien souriante. Hé bien, pendant que je cherchais aucune autre interaction que celle des chunks de viande et de ma yeule, nombre de quêteux entrent dans le minuscule restaurant et font le tour des 3-4 clients en agitant une petite liasse de billets. Certains sont même des petits enfants, envoyés par leur mère qui attend dehors comme la grosse tapette molassonne qu’elle est. Oui, esti, je les aime pas les quêteux, personne les aime d’ailleurs. Personne ne va jamais dire, sans être un sale hypocrite bien sûr, « Ah, les quêteux, comme ils collaborent de façon exemplaire au paysage urbain! » ou alors « Ah, quand un individu putride et hirsute m’accoste en bloquant mon chemin, tendant sa main sale et disant gneeeeeuuuuh gneeeeeeuuuh, ça FAIT MA JOURNÉE! ». Au mieux, l’être humain normal moyen va les prendre en pitié et les condescender, ce qui est pas guère mieux.

Un de ces quêteux que j’ai vu le lendemain était bin assis sur le rebord du trottoir, près du pont, avec des écouteurs plantés dans ses oreilles. On se contera pas de niaiseries là! Ça me rendait perplexe aussi, je veux dire, on pourrait s’attendre à un tel non-sens dans une région de tourisses, mais il y en a environ un seul dans toute la ville. Les merdeux quêtent aux locaux, qui sont pas bin bin plus riches. J’entends déjà les sales hippies dire « Ah, mais ces pauvres Tibétains, avec leur culture qui se fait violer dans l’anus par ces sauvages et sanguinaires Chinois, ils n’ont pas d’autre moyen de subsistance! Je leur donnerais de l’argent, moi, si seulement j’avais la paire dans l’scrotum de voyager jusque là au lieu de fumer du pot devant le Cégep du Vieux-Montréal à journée longue. » Non. Fuck off. Les paysans de la province de Henan, d’ou je viens, sont parmi les plus pauvres de Chine, mais ils se pitcheraient dans la rivière Jaune plutôt que de pas arrondir le prix de ton sac de concombres à l’unité inférieure. Ils ont ce qu’on appelle de la dignité faut croire. Et quant aux quêteux à l’est de la Chine, ce sont ceux que la vie a vraiment vraiment amoché, pas juste au niveau de la paresse, mais ceux qui ont juste une jambe, qui sont grievement brulés, ou de quoi du genre. J’entends encore des voix (je dois être paranoïaque, entendre des hippies partout) « Ah, faut croire que Mao a fait un bon travail d’extermination ». Je prends même pas le temps de répondre à ça.

Passage négatif over; je tiens à être intègre et ce passage a occupé mon esprit durant un certain temps. Question de faire une marche de digestion, et aussi pour trouver de quoi à faire, je marche jusqu’à la montagne, ou colline, ou whatever, près de là. Je marche en fulminant contre les maudits quêteux, tout en appréciant l’extrême beauté du paysage. Soudainement, une petite voix de l’autre bord du ruisseau s’élève et m’invite, en anglais, à me joindre à sa famille pour un pic-nic. J’ai déjà mangé, mais pourquoi pas… Je m’assois donc avec cette petite fille Tibétaine, son pops, sa moman, son oncle et son ti-frère, à manger des cubes de viande de yak et autres fraîches denrées, au pied du monastère. Elle parle très très bien anglais, genre d’un niveau semblable aux meilleurs de mes anciens étudiants, ce qui est d’autant plus frappant que de un, elle est au seulement au middle school et que de deux, les autres membres de sa famille parlent même pas chinois. C’est d’ailleurs elle qui m’a appris la mort de Michael Jackson, les bras m’en sont tombés, pas que je sois un si grand fan de cet excentrique pédophile, mais juste le fait qu’une adolescente vivant dans un endroit éloigné sur le plateau tibétain ne s’en calisse pas montre à quel point le Jackson était un Nom de la musique avec un gros N.

Après les avoir cordialement remerciés, pour le repas et aussi, intérieurement, pour m’avoir remonté le moral, je me dirige vers la montagne qui est décidément plus à pic que ce dont elle a l’air de loin. Plus haute aussi. Je grimpe, je grimpe, je dépasse des rangées de petits drapeaux de prière et rendu au sommet, je m’assois, contemplant la ville qui s’étend à mes pieds, ainsi que l’horizon. Je suis en paix. En paix, j’ai dit.

mardi 23 juin 2009

Felixxx a Yinchuan "ou?" - Yinchuan!

Ces derniers jours, j'étais plutot occupé, a cause des examens finaux, de mon départ imminent et des responsabilités que ca incombe. Certains adieux ont été quelque peu déchirants (j'avais pas pleuré depuis longtemps), mais bon, meme si c'est le mode de vie que j'ai choisi, c'est dur de s'y faire.

J'avais mes plans de voyage bin enlignés cependant; et la chus sua track bin comme faut. Vendredi soir, j'eus (ou je pris) l'honneur d'etre le premier prof de Chenggong College a sacrer son camp, et a 18h48 j'étais en route vers l'ouest. Ma destination finale était Yinchuan, dans la lointaine province de Ningxia, mais puisque y avait pas de train direct, j'avais une escale de 4 heures a XiAn, un gros hit touristique célebre entre autres pour les Guerriers en terre cuite. Pour une raison quelconque, la ville m'intéressait pas plus qu'il faut, et avec 3 semaines a mon visa, j'ai décidé de pas m'y attarder.

Je pensais naivement, cependant, que les 4 heures que j'y passerais (de minuit a 4 heures du matin) serait agréables, et que je pourrais me balader de nuit sur les célebres murs d'enceinte de la vieille cité. Guess again, l'acces est fermé pour la nuit, et les travailleurs de la gare me disent que la pagode située pas trop loin (que j'avais déja vue en photo, et qui semblait pas mal impressionante) est "meiyou deng", pus éclairée a cette heure tardive. J'ai donc pris une tite marche dans les rues, mais y a absolument fuckall a faire autre que se faire harceler par les vautours qui manquent pas dans ce trou a tourisses, meme a 2 heures du matin.

J'avais pas de siege assigné pour la ride de 16 heures qui s'ensuit; mais comme d'habitude, je m'en suis trouvé un pareil. Les longues rides sur des sieges durs comme du bois me font pus peur depis longtemps, surtout quand j'ai des grosses cannes de biere allemande comme celles que ma collegue Rose m'a donné. Le train progresse lentement mais surement dans le nord de la province de Shaanxi, puis dans ce morceau de casse-tete dépareillé qu'est le Ningxia. A ce point, le paysage est rendu intéressant a souhait, borderline désertique.

Mon train était du pour arriver a 20h08, et fut drette a l'heure. J'étais appréhensif un peu, car je pensais qu'il ferait noir, ou sombre, a ce point-la, et que ce serait plus dur un peu de trouver un hotel. Bon, premierement, on était le solstice d'été, et deuxiemement, un petit détail croustillant que j'avais oublié: dans les pays normaux, il y a des fuseaux horaires, mais en Chine, neunon. Dans le 3e pays le plus vaste au monde, tout est a la meme heure, logiquement celle de la cote est. Yinchuan étant située grossierement a mi-chemin entre Beijing et le Kazakhstan, elle devrait logiquement avoir 1 ou 2 heures de décalage horaire, mais non! La noirceur tombe donc pas avant 21h30 environ. Pratique.

Mon voisin dans le train, un Miao (une des minorités ethniques de Chine, aussi trouvés dans les montagnes du Vietnam et du Laos) originaire de la province de Hunan, m'aide a trouver un hotel pas cher a proximité. 30 kuai la nuit, faut pas s'attendre a du luxe, mais le luxe c'est pour les teupettes. Une grosse assiette de nouilles plus tard, chus dans mon litte.

Bien reposé, je me tape un petit jogging qui me mene dans un des parcs de la ville, avant de déjeuner. Ma premiere destination était 西夏王陵, et les informations pour y aller furent ramassées sur des sites internet pas toujours détaillés. Je trouve finalement ou prendre le maudit bus numéro 17, et un peu plus tard, chus rendu completement en dehors de la ville. La vue de la chaine de montagnes Helan shan me coupe le souffle.

Parenthese historique: entre genre 1000 et 1200, avant qu'il se fasse éfouairer par les Mongols, puis les Chinois, il y avait un royaume appelé le Xia occidental, a l'endroit ou je suis présentement. J'ai appris plein de choses a son sujet en visitant le musée (bin du moins les bouts avec des illustrations) et ensuite chus allé me balader dehors. Dans le gros champ aride pres des montagnes, il y a 9 mausolées bien cool en forme de pyramides carrées de 10 metres de haut et qui servent de tombeaux aux rois de cette dynastie. Ils sont tout éparpillés, avec environ 200 plus petites pyramides pour leurs ministres et généraux. Passés les quelques premieres, il y a pus personne la, et je continue a marcher au loin. Je marche, je marche, je grimpe quelques collines, et en redescendant, woups, une cloture de barbelés, des tentes modulaires vertes, et pleins de canons stationnés. Peut-etre que chus pas supposé etre la... je longe donc les barbelés jusqu'a ce que j'arrive a la route.

Je grab un taxi, question de couvrir les quelques kilometres jusqu'au terminus du bus 17. Good, le bus arrive, et fait le rond-point. Il m'a vu. Je marche vers lui, et il se met en marche... avant de me dépasser! Je cours en faisant signe au chauffeur, qui me pointe l'arret devant lui, incidemment a 1 kilometre a l'horizon en cette route de campagne. L'esti de rat. Je lache un cri de mort. Soudain, le taxi dont je viens de sortir se pointe, et la conductrice me pointe la porte du passager. Je saute dedans, et elle clanche jusqu'a l'autobus avant de lui faire une queue de poisson, le forcant a s'arreter brusquement. Pour rajouter a l'effet, je reach par dessus son avant-bras et je lache un coup de klaxon d'un bon 8 secondes. Tsé, mon mécontentement s'exprimera pas tout seul... Je remercie cordialement la chauffeuse de taxi (en chinois), et j'envoie chier tout aussi cordialement le chauffeur d'autobus by-the-book moé l'sac du calisse (en québécois).

Le reste de ma journée hébin... j'ai mangé des nouilles, bu de la biere, pogné des sales coups de soleil, marché en masse, visité un zoo pour la somme modique de 15 yuan (y avaient des singes!!!) et... c'est ca.

Le lendemain, j'avais en tete (dure) d'aller visiter la Grande Muraille. Hé oui, meme a des milliers de kilometres dans les terres, le Mur continue, et passe a quelques dizaines de kilometres d'ici. L'infrastructure touristique est pas super dveloppée dans cette province peu visitée, surtout pas pour les laowai... avec mes bribes de chinois, je comprends que faut j'aille a la station de bus de l'ouest et de la, que je demande d'aller a 三关口 (Sanguankou). Mission accomplie, meme si j'ai affronté nombre de faces de "stu vas faire la?!" quand je disais ma destination. Euh... aller visiter le Great Wall peut-etre? L'attraction touristique numéro un de Chine? Alloooo?

Le bus voyageur roule, roule, passe les mausolées que j'ai visités la veille, avant de pogner une autoroute qui longe les montagnes. Tout a coup, on me fait signe, "Hey, Sanguankou, c'est la". Je sors du bus, et je comprends soudainement toutes ces faces en point d'interrogation. Je suis vraiment dans le milieu du nowhere, comme on dit en bon Outaouayen. Il y a des montagnes a ma droite, un champ aride a ma gauche, et quelques ouvriers et un bulldozer au loin devant. MAIS MAIS MAIS, dans ce champ aride sus-mentionné, un petit mur en terre, de 4 metres de haut, qui serpente a l'infini. Le Mur est en sérieux état de décomposition par bouts, et semble plutot etre le Great Pile Of Dust Of China. Pas surprenant qu'il y ait si peu de tourisme...

Mais j'aime ca de meme.

Sérieux... pas de prix a payer, pas de foule, juste l'authentique Mur tel qu'il a été construit il y a des centaines d'années, et dans un paysage magnifique. Je trouve une place ou grimper dessus, pas facile, et je tombe 2-3 fois a mi-escalade, tsé, apres tout c'est un mur qui a été construit pour arreter des troupes de vaillants Mongols. J'ai dans mon satchel une bouteille de vin rouge (de marque Great Wall, bien sur) que je sirote en savourant la tranquillité de cet instant. J'en ai aussi profité pour faire le bilan de ces derniers mois et de ma vie en général... plutot positif!


Je retourne vers la route, grimpe une montagne plutot élevée, avant de la redescendre laborieusement. De retour a la route apres... une longue marche, je sors mon pouce, et le deuxieme char s'arrete a la vue de ce Blanc étrange et saoul, pas de chandail et les shorts pleines de terre. C'est la 3e fois je fais du pouce en Chine, hey, je vais commencer a considérer ce moyen de transport comme viable!

La je dois bin taper depuis 6 heures de temps, et bien que l'internet soit quasiment gratuit, je commence a etre tanné et affamé un peu moi-la... Je vais me trouver de quoi a faire d'ici mon train a 21h50.

A suivre! Bonne St-Jean a tous!

jeudi 18 juin 2009

Tu sais que t'as la piqure du voyage quand...

1- Tu penses absolument juste a ca et tu te calisses absolument de tout le reste. Surtout ce qui importe, comme le travail, l'alimentation 3 fois par jour, l'hygiene personnelle et du milieu vital.
2- Tu passes le plus clair de ton temps a chercher de l'information de voyage sur internet.
3- Tu parles de destinations de voyage qui suscitent au mieux des haussements d'épaules et au pire des "stu vas crisser la-bas?". Tu y penses jour et nuit en souriant béatement pareil.
4- La perspective de passer 20 heures sur un siege dur dans un train chinois t'émeut moins que celle de passer 2 heures a écouter des exposés oraux plates d'étudiants.
5- Tu es pret a annihiler absolument quiconque se mettrait entre tes plans de voyage et toi (hear that, Chenggong College Foreign Language Department?)
6- Il y a une Chinoise nue dans ton lit; tu es assis a ses cotés, en boxers, en train de feuilleter fébrilement un Lonely Planet.
7- Tes chums au mieux, commencent a etre tannés d'entendre parler de plans de voyage, au pire, pensent que t'es cinglé. Quant aux humains qui sont pas tes chums, se référer au point numéro 1.